La diversité renvoie « aux conditions, aux modes d’expression et aux expériences » variés des personnes ou des groupes (Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, 2017). Chaque individu est unique dans le mélange de ses caractéristiques physiques, anatomiques, sociales, économiques, culturelles, intellectuelles ou psychologiques.
Comment les pratiques d’enseignement, d’évaluation, voire d’accompagnement s’adaptent-elles à cette réalité qu’est la diversité étudiante?
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La reconnaissance et la valorisation de la diversité se trouvent au cœur de la mission, de la vision et des valeurs de l’enseignement supérieur au Québec. L’Université Laval met en œuvre diverses mesures et des actions pour favoriser l’admission, l’intégration, l’inclusion et la réussite de personnes étudiantes d’origines et de profils diversifiés aux différents cycles d’études, notamment par l’adaptation de son offre de formation et de service.
L’Université Laval a adopté dès 2002 la Politique institutionnelle de soutien aux étudiants et étudiantes en situation de handicap par laquelle elle exprime sa volonté de favoriser l’accessibilité, l’inclusion et la réussite de ce profil d’étudiantes et d’étudiants. En avril 2023, était aussi adoptée la Politique institutionnelle en matière d’équité, de diversité et d’inclusion qui vise à « créer un milieu […] diversifié, équitable, inclusif, sans Discrimination ni Biais dans l’accomplissement de sa mission » (p.5). Ces politiques et d’autres encore reflètent la vision et les valeurs de l’Université Laval à l’égard de la diversité des membres de sa communauté et celle des pratiques ainsi que des modes de pensée.
La reconnaissance et la prise en compte de la diversité ne profitent pas uniquement aux personnes étudiantes. Elles stimulent également la créativité et favorisent le développement professionnel du personnel enseignant qui choisit de s’engager dans une démarche visant à diversifier des contenus, des processus et des structures d’enseignement, d’accompagnement et d’évaluation.
La diversité des capacités et des besoins d’un individu ou d’un groupe s’exprime souvent par des caractéristiques, parfois visibles mais souvent plus ou moins abstraites.
Source: Observatoire sur la réussite en enseignement supérieur (2023). Creative Commons BY-NC-SA 4.0
L’apparence physique des individus ne permet pas toujours de déterminer leur identité, leurs valeurs ou leurs attentes, d’autant plus qu’aucun groupe n’est homogène. La plupart des caractéristiques individuelles sont implicites, insaisissables ou relèvent de la vie privée. Voici des exemples courants de facteurs de diversité en milieu universitaire québécois.
Diversité de l’âge
Les publics étudiants ont des parcours et des transitions de plus en plus différenciés tant sur le plan des niveaux antérieurs de formation que sur le plan professionnel. Les personnes qui s’inscrivent en 1re année du 1er cycle à l’Université Laval s’éloignent de plus en plus du profil étudiant traditionnel, âgé de moins de 20 ans et qui n’a pas connu d’interruption de cheminement.
Les expériences sociales et professionnelles que les populations étudiantes acquièrent dans leurs parcours diversifiés peuvent certes contribuer à leur autonomie, mais elles peuvent aussi faire émerger certains besoins et influencer leurs préférences de participation aux activités de formation.
Diversité sexuelle et de genre
La population étudiante de l’Université Laval se caractérise par un ratio de femmes supérieur à celui des hommes (Bureau de planification et d’études institutionnelles, 2022, p.2). Cette tendance s’est enclenchée il y a plusieurs années dans tout le réseau universitaire québécois où les femmes représentaient 40% des personnes inscrites en 1972, puis 50% en 1980 et 57% en 1989 (Conseil supérieur de l’éducation, 1992, p. 7).
Cependant, tous les individus ne s’identifient pas comme hommes ou comme femmes. Tout le monde ne s’identifie pas non plus en fonction du sexe assigné à la naissance. On peut penser aux personnes non binaires ou bispirituelles par exemple, ou aux personnes transgenres. Il en va de même de l’orientation sexuelle, qui ne se définit pas exclusivement par l’hétérosexualité ou l’homosexualité. Il existe une variété d’identités, d’expressions et d’orientations relatives à la sexualité, comme la bisexualité, la pansexualité, ou l'asexualité. Par ailleurs, certaines personnes sont en questionnement sur ces aspects de leur identité.
Selon la discipline que vous enseignez, la prise en compte de la diversité sexuelle et de genre des personnes étudiantes pourrait se faire dès la planification des contenus et des activités pédagogiques, l’invitation de personnes expertes du domaine, etc.
Divers groupes ethniques, culturels ou raciaux
La population étudiante de l’Université Laval appartient à différents groupes ethniques, culturels ou raciaux. Dans les salles de classe, cette diversité se traduit par une variété de comportements, de valeurs, de modes d’expression, de prérequis et de besoins pédagogiques, qui amène les personnes enseignantes à adapter leurs pratiques, afin de les rendre plus inclusives.
La situation de handicap
Depuis 2000, le nombre d'étudiantes et d'étudiants de l’Université Laval qui vivent avec une situation de handicap ne cesse d'augmenter. À l’automne 2023, ils étaient 4103 à présenter des limitations fonctionnelles, physiques, sensorielles ou neurobiologiques. Pour favoriser la réussite de leur projet de formation, l'université leur offre des mesures particulières de soutien. Vous trouverez plus d'informations sur cette page.
Diversité des situations de vie personnelle
Les besoins, les capacités, les motivations et les parcours des personnes étudiantes sont influencés, entre autres par diverses situations qu'elles vivent personnellement ou par l'entremise de leurs proches, de façon temporaire ou permanente. Ces situations ont un impact sur leur projet de formation, leur inscription ou leur abandon aux cours, leur vision des études supérieures et du diplôme, ainsi que leur mode de participation aux activités pédagogiques. Les personnes étudiantes qui sont parents, qui travaillent à temps plein, qui reprennent leurs études, qui s’occupent de proches en difficulté, pour ne nommer que quelques exemples, vivent des situations particulières.
L’exemple des personnes étudiantes de première génération |
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« Deux personnes se présentent en même temps au quai surplombant un magnifique récif de corail. Pour l’explorer à sa guise, chacune loue un équipement complet. La première a grandi dans une famille de plongeurs, l’autre n’a vu de bouteilles d’air comprimé que dans les films. Selon vous, qui a le plus de chances de se sentir comme un poisson dans l’eau? De se rendre le plus loin? La réponse est évidente. Ce qui est moins connu, c’est que cette métaphore vaut aussi pour le milieu de la recherche [et de la formation]. À chaque rentrée scolaire, des étudiantes et étudiants dits « de première génération » commencent leur parcours aux études supérieures. Leurs parents n’ont été ni au cégep ni à l’université, mais qu’importe : ces jeunes font leur propre chemin ! » (Guillemette, 2022) |
Des données permettant d’illustrer cette diversité de la population étudiante sont présentées dans ce document. Elles proviennent de sondages canadiens auprès des personnes étudiantes au 1er cycle et aux cycles supérieurs ou de statistiques institutionnelles.
Ce tableau vise à illustrer comment la diversité des personnes étudiantes peut influencer leurs besoins pédagogiques. Il donne des exemples de besoins étudiants reconnus comme des facteurs favorisant l'apprentissage. Il suggère aussi des exemples d’actions pour répondre à ces besoins et favoriser l'inclusion et la réussite étudiante.
Besoins étudiants | Description du besoin | Profil d’étudiant(e) pouvant particulièrement éprouver ce besoin | Exemples de stratégies d’inclusion: dans la mesure du possible… |
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Engagement | Se confronter à des activités adaptées à son niveau (ni trop simples, ni trop complexes), qui stimulent la curiosité et le plaisir d’apprendre. | Personne à haut potentiel intellectuel (douance). | Varier les contenus, les formats, les approches, les modalités de participation ou de remise des travaux. Varier les perspectives et expériences étudiantes. |
Autonomie | Exercer du contrôle sur ses activités (sujets, calendrier, matériel, etc.) et apprendre à faire des choix. | Personne professionnelle ou parent. | Permettre des choix individuels ou en équipe. Orienter les personnes étudiantes vers des outils d’auto-gestion du temps et du stress. |
Compétence | Développer ses capacités à:
| Personne avec des troubles d’apprentissage. | Offrir des ressources supplémentaires ou facultatives, de nature pédagogique, méthodologique ou technologique. Offrir des activités supplémentaires ou facultatives. Ex : révision collective, évaluation formative. Offrir un accompagnement personnalis. |
Signifiance | Réaliser des objectifs d'apprentissage pertinents, qui rejoignent ses centres d’intérêt ou son identité et qui créent une expérience singulière. | Personnes d’identité culturelle, ethnique et de genre ou d’orientation sexuelle minoritaires. | Activer les connaissances antérieures. Formuler des questions. Établir ou rendre possibles des liens entre la vie réelle (sociale, professionnelle ou culturelle) et les activités d’apprentissage et d’évaluation. |
Sécurité | Se sentir en confiance, être reconnu(e) au sein du groupe et traité(e) avec respect. | Membre des minorités visibles. | Promouvoir un climat de travail inclusif, participatif, coopératif et bienveillant. Adapter les contenus, méthodes et évaluations aux besoins et intérêts des personnes étudiantes. |
Source: Collet (2018), St-Denis et Duprey (2022) et Université d’Ottawa
En anticipant les besoins diversifiés des personnes étudiantes ou en y remédiant en cours de session, on s’inscrit dans une approche pédagogique inclusive.
La pédagogie inclusive n’est pas nouvelle. Aussi nommée pédagogie universelle, elle repose sur des principes et des méthodes reconnus pour leur efficacité en enseignement supérieur. Parmi ces méthodes, on peut mentionner la différenciation pédagogique, l’apprentissage actif, l’enseignement explicite, la classe inversée, l’apprentissage par les pairs… La pédagogie inclusive ne se limite pas aux étudiantes et aux étudiants ayant des besoins spécifiques. Elle profite à toutes et à tous, indépendamment du parcours, des compétences ou des difficultés. Tout comme les rampes d’escalier améliorent l’accessibilité pour tout le monde.
Le Service de soutien à l’enseignement (SSE) a élaboré des formations (voir en bas de page) dans le but de vous sensibiliser et de vous outiller pour rendre vos pratiques pédagogiques plus inclusives et centrées sur l’apprentissage.
Document présentant des définitions, des ressources et des questions clés sur l’équité, la diversité et l’inclusion, Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, 2017, Canada.
Édito de Mélissa Guillemette présentant la réalité des étudiants de première génération, 2022, 25 août, Magazine Québec Science, récupéré le 15 mars 2023.
Rapport de Johanne Jean et collaborateurs, pour le Bureau de Coopération internationale, 2020.
Objectifs et mesures visant à promouvoir la réussite éducative des étudiants, notamment en augmentant les taux de diplomation, en réduisant les écarts entre les groupes d’étudiant.e.s(e)s et en favorisant la formation tout au long de la vie, Ministère de l’Enseignement supérieur, Québec.
Mesures et stratégies visant à prévenir et à réduire les problèmes de santé mentale chez les étudiant(e)s, à améliorer l’offre de services et à renforcer la collaboration entre les acteurs, Ministère de l’Enseignement supérieur, Québec.